La discrimination positive

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Une pure invention yankee visant à lutter contre le racisme d'un système par une aide raciale ?


Cette fois ci nous allons aborder un sujet délicat à la croisée de nos deux cultures, la discrimination positive. Selon la plupart des français, il ne s’agit que d’une pure invention yankee visant à lutter contre le racisme d'un système par une aide raciale. Si cela n'est pas du communautarisme à l'américaine, je ne m'y connais pas. En fait chers habitants de l’hexagone le tout est comme à son habitude plus compliqué qu'il n'y parait. Pour mieux comprendre le concept qui se cache derrière l'idée de discrimination positive, il faut remonter à la fin de la ségrégation au milieu des années 60 en Amérique. Et oui je sais, il y a 50 ans il existait une séparation entre les noirs et les blancs au pays de Barack Obama. Je vous entends déjà: "Mais comment était-ce possible au sein même de cette nation qui se targue d'être la mère de la liberté ?". En fait la ségrégation voyait la coexistence de deux systèmes, l'un dédié aux blancs et l'autre pour les Noirs. Non ne cherchez pas un troisième pour les latinos, c'est déjà assez difficile comme cela. Donc les deux communautés avaient leurs propres écoles, églises et surtout personne ne se mélangeait. Officiellement tout le monde étaient libre mais la pratique était tout autre.
 
Le célèbre arrêt brown vs board of education et une certaine Rosa Park mit fin a cette séparation. Si la seconde est assez connue en France pour avoir refusé de céder sa place à une personne de couleur blanche dans un bus, le premier jugement est passé à la trappe. Il s’agit d’un jugement datant de 1954, un avocat noir du nom de Thurgood Marshall réussi à dénoncer et surtout à prouver le crime que représentait la ségrégation. Il plaida devant la cour suprême de cette manière : Ce dernier présenta à des enfants noirs deux poupées, une blanche et l’autre noire. Assisté d’un médecin, il posa des questions,  « quelle est la poupée blanche et quelle est la poupée noire ?,  laquelle préfère-tu ? Jusque là pas de problème, à part que la préférence des enfants allait tous à celle blanche. Alors vint la troisième question : « Quelle poupée te ressemble le plus ? ». Et la réponse fut bouleversante, certains refusèrent de répondre, d’autre montrèrent la poupée blanche. Il en résultait un déni de couleur, ces enfants pourtant si jeunes et innocents, avaient honte de leur couleur.
 
Notre cour suprême se réunie et dû répondre à la question suivante :
 « La ségrégation des enfants dans les écoles publiques sur la seule base de la race, même quand les installations et les autres facteurs tangibles sont égaux, prive-t-elle les enfants du groupe minoritaire des chances d’une éducation égale ? »
 
La réponse de la cour suprême fut sans équivoque, les 9 juges répondirent à l’unanimité, comme d’une seule nation unifiée, 5 mots, juste 5 petit mots qui allaient transformer à vie notre nation et nous ouvrir une nouvelle voie, plus égale, plus juste, respectant mieux les valeurs de cette Amérique : « We believe that it does », traduisez « Nous croyons que oui ». Par cette réponse, la ségrégation passait pour inacceptable car il montait une inégalité inacceptable pas tant matérielle cette fois-ci mais bien plus perfide, mentale.
 
Alors me direz-vous, avec la fin de la ségrégation aux USA, si la loi donnait la possibilité à tous d'être égaux, si les institutions ne faisaient plus de différence entre les couleurs, pourquoi avoir pratiqué une discrimination positive ? Déjà une mise au point s’impose, le terme français de discrimination positive vous en conviendrez est un non sens. Discrimination est négatif et vous l’ajoutez à un terme positif, comment faire du positif par une action négative, n’est-ce pas ? En Amérique le terme exact est : affirmative action. Le fait est que nous faisons plus la part des choses que vous, je m’explique, ce n’est pas parce que la loi disait une chose qu’elle va s’appliquer, il fallait créer une action positive afin de changer ce que la loi ne peut pas changer : les mentalités. Il fallait une action positive, an affirmative action et non une discrimination positive.
 
Le président Lyndon B.Johnon disait ceci :
« Vous n’effacez pas les cicatrices infligées pendant des siècles en disant : « Vous êtes maintenant libre d’aller où vous voulez ». Vous ne prenez pas un individu qui, pendant des années, a été entravé par des chaines, pour le libérer, le conduire sur la ligne de départ de la course, et lui dire : « Vous êtes libre de concourir avec tous les autres », en croyant être ainsi tout à fait équitable. Nous ne cherchons pas seulement la liberté, mais l’égalité des chances. Pas seulement l’égalité » en tant que droit et théorie, mais l’égalité en tant que réalité et résultat ».
 
La fin de cette citation résume assez bien l’idée de l’affirmative action ou du moins l’amène assez bien. En fait en Amérique lorsque nous avons reconnu le maux de la ségrégation, il était important de créer un nouveau modèle ou du moins l’important pour nous n‘est pas tant la loi, mais comme toujours le résultat, des faits concrets. Il était nécessaire de reconnaitre le mal, de modifier la loi, mais cette dernière n’allait pas suffire ! Ce n’est pas parce que vous dites une chose que tous le monde est obligé de le faire, non ? Ce n’est pas à vous français que je vais vous apprendre quelque chose ? Il fallait changer les mentalités, pour que la pratique suive.
 
Voyez vous contrairement à l’idée que vous vous en faites en France, ce concept n’a pas pour but de mettre fin à la pauvreté des minorités mais de permettre de rendre normale à tous le monde la place des personnes issues des minorités à des places autres que celles dont elles étaient parquées jusqu’à présent. Ainsi grâce à l’affirmative action, les américains ont pu voir des noirs et autres minorités au sein des entreprises publiques, au sein de  l’armée, à la tv au sein de séries comme Star Trek original, bref cette action a rendu comme normale voir banale le fait d’avoir une couleur de peau autre que blanche. Alors bien sûr certain on parlé d’une jeunesse blanche sacrifiée au niveau des bourses scolaires, dans certains cas ce fût vrai, mais cela était nécessaire. C’est grâce à cela que l’Amérique est devenue ce qu’elle est aujourd’hui.
 
L’affirmative action ou si vous préférez discrimination positive, même si ce terme me paraît plus relevé d’un anti-américanisme profond mais bon passons, était un mal nécessaire, voyez un moyen, une action pour avoir des résultats et non comme certains souhaitent le désigner comme une loi à part entière. Personne n’a vraiment été obligé de respecter ses quotas, mais le fait est que les personne de couleurs ont put accéder à des postes jusque-là réservés aux blancs et par ce fait rendre inacceptable la ségrégation aux yeux de tous les américains. Elle a mit fin à cette séparation.
Sheppard
07/05/09